travail des élèves

le travail mis en place par Mme Beconcini ne nécessite pas qu’on imprime.

L’enfant peut écrire les réponses sur une feuille libre.

il copiera ce qui est possible de copier à son rythme, il peut aussi faire une partie à l’oral avec vous si vous êtes disponible.

les enfants qui sont accueillis en classe viennent avec leur fichier et leur livre, avec les pages du livre et du fichier à faire repérées afin qu’il puisse être autonome dans les classes d’accueil.

nous vous en remercions d’avance.

mardi 16

français 

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mathématiques

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lecture

 

famille ours bleu

Il était une fois une famille d’ours bleus. Papa ours récoltait le miel dans le tronc des vieux arbres ; maman ours reprisait les couvertures et cousait des habits d’hivernage, et trois petits ours turbulents cabriolaient dans l’herbe et escaladaient les rochers.

Ils vivaient sous un ciel toujours bleu, au bord d’un immense lac aux eaux bleues, et, comme les caméléons, leur fourrure avait pris la couleur du monde qui les entourait. Comme ça, les chasseurs ne les voyaient pas, ni les saumons qui remontaient les rivières qu’ils attrapaient d’un seul coup de patte.

Des ours comme ça, il n’en existait nulle part ailleurs. Il y avait les ours blancs, qui avaient pris la couleur des banquises ; les ours bruns des forêts, au pelage couleur de l’écorce des arbres et des feuillages d’automne ; mais des bleus, il n’y avait qu’eux.

Un jour, papa ours déclara qu’il avait gagné beaucoup d’argent en vendant le miel. « Nous allons partir en vacances », dit-il à ses enfants. « Allez chercher la pirogue, les rames et les cordages, demain nous partons en vadrouille de l’autre côté du lac. »

Maman ourse fit un grand sourire, c’étaient ses premières vacances ; elle rangea au fond de leur grand terrier d’hivernage ses broderies, ses fils de toutes les couleurs, ses pelotes de laine, et elle boucha l’entrée avec des branches. Elle avait mis dans un sac quelques morceaux de tissu, une ou deux bobines de fil, deux ou trois aiguilles et un rouleau de peluche.

Le lendemain, au lever du jour, la famille Ours bleu embarqua sur la pirogue. Tout était bleu, l’eau, le ciel, la coque, les rames et les cordages. Papa ours mit le cap vers l’autre rive… Pas un bruit sur le lac. À travers l’eau limpide, ils apercevaient des saumons et des herbes marines qui dansaient. Le soir, la pirogue a raclé le fond du lac.

— Nous sommes arrivés, dit papa ours.

Devant eux, une forêt bordait le rivage. Ils déchargèrent la pirogue en se demandant où ils étaient. Maman ourse murmura :

— Ne faites pas de gestes brusques, des animaux nous regardent.

Les trois petits ours tremblaient de peur.

— N’ayez pas peur, ils ne semblent pas méchants…

Tout autour d’eux, des écureuils, des lapins, des blaireaux, des cailles, des faisans, des hiboux, des sangliers, des cerfs regardaient la famille d’ours bleus qui débarquait.

Et puis tout ce petit monde se mit à parler, tous en même temps : « Quelle drôle de couleur ! On les voit de loin, ces ours ! Regardez comme ils luisent dans le soleil ! »

Quand la nuit tomba, les animaux de la forêt étaient toujours là à contempler la famille Ours qui brillait sous les rayons de lune…

— Les enfants, dit papa ours, nous avons changé de monde et quelque chose ne va pas ici.

Sous les arbres, dans l’obscurité de la forêt, ils brillaient tous les cinq comme des vers luisants.

— Chez nous, notre couleur nous protégeait. Ici, on ne voit que nous !
— Nous sommes en danger, ajouta maman ourse, pas moyen de nous dissimuler aux yeux des chasseurs. Vous pensez, une fourrure bleue, c’est unique, tous la voudront…
— Alors que devons-nous faire ?
— Rentrer chez nous

Mais le courant avait emporté la pirogue…

La famille Ours bleu s’endormit, cachée sous des buissons. Au lever du jour, ils étaient tous les cinq aussi bleus que la veille. Mais il faudrait bien sortir un jour de la forêt… Un jour, un chasseur finirait par les voir et alors, quel beau trophée qu’un ours bleu !

Les animaux de la forêt n’en finissaient pas de parler de ces ours bleus : « Mais d’où viennent ces drôles d’ours ? D’un pays imaginaire ? D’une contrée lointaine où tout est bleu ? D’un cirque, d’un refuge pour animaux perdus ? »

Et justement, maman ourse, qui se demandait où ils pourraient être en sécurité, pensait à s’en aller habiter un refuge pour animaux perdus. Elle avait entendu dire que les animaux y étaient à l’abri…

Les voilà partis à travers la forêt et les champs pour chercher un refuge…

— Marchez trois jours tout droit, leur avait expliqué une belette en faisant de grands gestes avec ses petites pattes… Le refuge se trouve pas loin d’un village que vous apercevrez de loin en voyant un coq, sur le clocher de l’église, qui tourne avec le vent. Demandez à voir le directeur. C’est un homme bon qui protège les animaux…

Le directeur accueillit la famille Ours bleu avec beaucoup de gentillesse, et de curiosité aussi. Maman ourse expliqua qu’aucun autre ours bleu n’existait sur la terre et qu’il était important de protéger des exemplaires uniques dans le monde, encore plus rares que le panda blanc, la panthère des neiges ou le tigre de l’Himalaya. Elle fit une pirouette pour bien montrer qu’elle était bleue de partout, entièrement, de la tête aux pieds. Le vieux directeur n’en revenait pas. Aucune de ses encyclopédies ne parlait d’ours bleus. Comment ne pas protéger ce miracle de la nature ? Il leur offrit une grotte où entrait le soleil.

Tous les animaux voulaient les voir et se pressaient devant la grotte. Au début, les chameaux, les girafes et les vieux lions étaient jaloux de leur célébrité et puis, avec la sagesse des animaux qui est bien plus grande que celle des humains, ils retournèrent à leur tranquillité.

La famille Ours bleu vécut de longues années dans le refuge. Les trois ours bleus se marièrent avec trois ourses brunes, et c’est ainsi que naquirent des ours bruns avec des taches bleues qui avaient la forme de lacs. Plus tard, de nouveaux ours naquirent et le bleu de leur fourrure disparut peu à peu.

Longtemps après, trois petits ours aventureux, bercés par l’histoire du pays bleu que leur racontaient tous les soirs leurs parents, décidèrent de partir à sa recherche. Avec le temps, ils avaient pris la couleur de l’écorce des arbres et des feuillages d’automne des ours de la forêt… Le coq du clocher leur montrait la route. Ils marchèrent trois jours, à l’ombre des sous-bois, à la lisière des champs de blé, dans le lit des torrents, et un soir, le lac apparut. Au loin, une rive baignait dans la brume. Ils construisirent un radeau de branches et de lianes, des petites pagaies avec des joncs tressés, et le lendemain ils quittèrent le pays où ils étaient nés.

Le radeau glissait sur l’eau limpide. Le soleil, après être monté en haut du ciel descendait maintenant sur l’horizon. Quand ils ont touché terre, l’un d’eux a dit : « Regardez, nous sommes devenus bleus, le ciel est bleu, l’eau du lac, les prairies, les rochers aussi… Nous sommes de retour au pays de la vie sauvage et du bonheur des ours. »

De l’autre côté de la rive, le refuge accueillait tous les animaux que menaçaient les humains. En souvenir de cette famille d’ours bleus arrivée un beau matin, il s’appelait maintenant « Le refuge des Ours Bleus ». Et tous les soirs, le vieux directeur regardait un film muet qu’il sortait d’une grande boite en bois : Une journée ordinaire de la famille Ours bleu. À la fin, il poussait un grand soupir et buvait sa tisane… Qu’étaient devenus les trois galopins, ces oursons fugueurs que personne n’avait jamais plus revus ? Quelques petites larmes coulaient de ses yeux pendant qu’il regardait la lune bleue qui passait sans rien dire dans la nuit en lui faisant un clin d’œil. Elle connaissait le pays bleu…

lundi 15 juin

lecture : mon cochon

Bernard est un homme heureux. Avec ses cent cinquante cochons, il travaille dur. C’est un sacré labeur que d’élever un tel troupeau ! Il travaille tous les jours, dix heures par jour.
Bernard habite un petit village de Bretagne et possède une ferme ancienne. Derrière celle-ci, un long hangar abrite les animaux. Et comme il est homme à prendre soin de ses cochons, un grand champ est à leur disposition, au fond duquel on aperçoit une petite forêt.
Bernard aime bien bichonner ses bêtes et en particulier les mères et leurs bébés qui tètent. Il aime également brosser les animaux pour qu’ils soient moins sales. Il en prend soin comme personne et en est fier. Souvent, il donne des noms aux petits porcelets qui viennent au monde. Les derniers ont été baptisés Constantine, Mirandole, Lustucru, Terminator, Cheyenne et Louisiane. Tout ce qui lui passe par la tête est possible et cette liberté l’amuse. Et il a de quoi en inventer, puisqu’il assiste à des naissances tous les mois.
Ce qu’il déteste, c’est compter son troupeau. Cent cinquante têtes, c’est un peu compliqué. Entre ceux qui se déplacent, ceux qui lui tournent autour, ceux qui sortent et ceux qui rentrent du hangar, ceux qui sont au fond du grand champ et ceux qui n’y sont plus, ceux qui partent pour l’abattoir et les petits qui grandissent, c’est un véritable casse-tête !
Bernard ne le sait pas encore, mais cette journée ne va pas être une journée comme les autres…

Il commence à être sur les nerfs. À cinq cents mètres de chez lui s’est installé un festival de musique électro. Ce grand rassemblement de jeunes consiste à écouter de la musique assourdissante vingt-quatre heures sur vingt-quatre et ce pendant trois jours ! Ce boum-boum incessant lui est vite devenu insupportable. Il n’a quasiment pas fermé l’œil de la nuit. Il est fatigué et irritable.
Et puis, il a vu quelques-uns de ses porcelets dodeliner de la tête au rythme du boum-boum. Et ça, ça ne lui plaît pas !
Il a hâte que ces jeunes venus de nulle part avec leur musique ahurissante partent au plus vite et que le calme revienne dans sa campagne paisible.

Tout à coup, une angoisse monte en lui.

Il connaît tellement son troupeau par cœur qu’il sent, sans même les avoir comptées, qu’il manque des bêtes.
Un coup de chaud lui monte à la tête.
Immédiatement, il entreprend l’exercice qu’il déteste faire.
1, 2, 3…76, 77, 78… 104, 105, 106… 132, 133, 134… 140 !
— Bon sang ! Cette fois c’est sûr ! Il en manque dix ! Je devrais en avoir cent cinquante tout rond !

D’abord, comme bien d’autres le feraient, il accuse sans raison cette troupe de jeunes qui a débarqué depuis peu sur le territoire de la commune. C’est un peu facile et déraisonnable, mais en quelques secondes il s’est persuadé qu’il n’y a pas de doute possible. Et quand Bernard s’est mis une idée dans le crâne, il n’aime pas en démordre et… il sait très bien faire sa tête de cochon !
Il fonce dans sa maison et saisit son téléphone pour appeler la gendarmerie. C’est ce gros bêta de Paterne qui décroche.
Bernard l’appelle ainsi depuis leur plus tendre enfance. Ils ont grandi dans le même village et se connaissent depuis toujours. Plus précisément depuis les bancs de l’école maternelle. À l’époque, on peut même dire qu’ils étaient « copains comme cochons ».
— Qu’est-ce qu’il se passe, Bernard ?
— On m’a volé dix bêtes !
— C’est pas vrai ?
— Mais si !
— Qui t’a fait ça ?
— Mais gros bêta, si j’appelle la gendarmerie, c’est pour que tu mènes l’enquête !
— Ah oui ! J’arrive !

Paterne se lève promptement de sa chaise et interpelle sa collègue
Myrtille :
— Viens ! On a une enquête à mener !
— Chez qui ?
— Chez ce gros bêta de Bernard, répond Paterne en ricanant, parce que ça l’amuse toujours d’appeler son vieil ami ainsi.
Comme il s’agit d’une affaire de la plus haute importance, le gendarme Paterne n’hésite pas à mettre le gyrophare et à faire crisser les pneus dans les virages.
En moins de cinq minutes, les deux gendarmes sont sur place.

Bernard les accueille. Très vite, Myrtille est indisposée par l’odeur saisissante des cochons.
— Il faut affronter la réalité du terrain ! assène Paterne à sa collègue.
L’œil contrarié, Bernard les emmène au hangar qui abrite son troupeau de 140 têtes… et 560 pieds.
Lorsqu’il voit la quantité de bêtes, Paterne est épaté par la réussite de son ami et ne peut s’empêcher de dire :
— Eh bien mon cochon !
Tel un fin limier très expérimenté (ce qu’il n’est pas…), le gendarme Paterne commence son enquête de terrain, tandis que les boums-boums continuent au loin et que la gendarmette pose mille questions à celui que son chef appelle « ce gros bêta de Bernard ».
Guidé par un flair un peu hésitant, l’officier s’avance seul en direction du champ, au milieu duquel errent quelques dizaines de cochons, le groin au sol, à la recherche de quelque chose à avaler.
Le grand champ se finit dans un sous-bois et très vite, Paterne découvre un élément qui pourrait bien faire avancer significativement son enquête !
Le vieil enclos a été poussé et a cédé : il y a un trou par laquelle un cochon pourrait facilement passer.
Très concentré, il prend son talkie-walkie et prévient sa partenaire de l’avancée de l’enquête, alors qu’elle était en train de regarder avec un grand étonnement des porcelets qui dodelinaient de la tête au rythme du boum-boum lointain.
Paterne regarde ses bottes en cuir réglementaires, qu’il a cirées avec application le matin même. Dès les premiers mètres parcourus sur le chemin qui commence au fond du champ, elles se retrouvent couvertes de boue. Il a beaucoup plu la veille et chaque pas fait des vrouic-vrouic évoquant le bruit d’une ventouse.
Il progresse néanmoins peu à peu sur ce passage bucolique, sous une voûte arborée, qui mène au champ occupé par le festival électro. Le cœur de Paterne bat bien fort. Il sait qu’il est sur la bonne piste parce qu’au sol il y a des traces de pattes de cochons. Il va bientôt tomber sur les kidnappeurs !
Un grouïck ! venant de la forêt le fait sursauter. Il vacille un peu sur ses jambes et tourne la tête vers la droite. Il aperçoit alors un sanglier qui s’enfuit. Ce n’est pas le type de cochon qu’il recherche. Mais quel suspense !
Il avance et avance encore jusqu’au hangar au bout du chemin. Le boum-boum assourdissant le dérange. Il est aux aguets et prudent, pose la main sur son arme de service encore dans son fourreau.
Il croit défaillir lorsque le boum-boum s’arrête une poignée de secondes. Quelqu’un prend la parole au micro. S’ensuivent des cris qui pourraient bien être ceux de cochons qu’on effraie !
Il continue doucement pour ne pas se faire repérer, mais ses souliers font toujours vrouic-vrouic à cause de cette boue collante.
Alors qu’il arrive tout près du hangar, son petit cœur de gendarme bat bien fort dans sa cage thoracique. Va-t-il tomber sur des tueurs de cochons qui se seraient servis dans l’exploitation de son ami ?
Avec précaution, il entrouvre la porte arrière du hangar et là, il a une sacrée surprise !
C’est l’endroit que les jeunes danseurs ont choisi pour regrouper les ordures. Trois cochons sont en train d’éventrer et de dévorer goulûment le contenu des poubelles !
Le gendarme demande à un garçon appuyé à l’encadrement de la porte principale ce que ces bêtes font là… Apparemment épuisé d’avoir trop dansé et trop peu dormi, ce dernier lui répond mollement « qu’ils devaient tout simplement avoir envie d’un peu de liberté » ! Et que « la vie devrait être plus cool pour ces pauvres bêtes » !
Sur le seuil de la grange, le jeune homme continue à fixer avec nonchalance le champ d’où vient tout le raffut.
Intrigué, et toujours pas satisfait du dénouement de son enquête puisqu’il n’a retrouvé que trois cochons sur dix, Paterne rejoint le gaillard un peu déjanté. De nouveau, il croit défaillir.
Sept cochons, à qui on a mis des casques de musique, se balancent au rythme du boum-boum émis par les gigantesques enceintes ! Les danseurs démarrent une sorte de « chenille » géante en se tenant tous par la taille. Et les cochons, de manière inattendue, se positionnent l’un derrière l’autre, les pattes avant sur le dos de celui qui les précède. Le gendarme n’en croit pas ses yeux ! En équilibre instable, ils se dandinent et remuent la tête au rythme du boum-boum
Est-il devenu fou ? Ce qu’il voit est-il une hallucination ? Ces cochons sont-ils des mutants ?
Paterne, sur le point de tomber dans les pommes, réalise néanmoins que son enquête est bouclée ! Il saisit son talkie-walkie et raconte le surprenant spectacle à sa collègue. Myrtille lui demande ce que les membres disparus du troupeau font sur la piste de danse. Il lui répond le ton las et avec des yeux fatigués qu’ils « devaient tout simplement avoir envie d’un peu de liberté ! » Et que « la vie devrait être plus cool pour ces bêtes ! »
La gendarmette n’en croit pas ses oreilles ! Elle cherche à comprendre ce que ses propos signifient, mais son collègue ne répond plus. Il s’est évanoui. C’était trop d’émotions pour lui.
Elle avertit Bernard qui, rassuré qu’on ait retrouvé ses bêtes, pousse un ouf de soulagement ! Puis il décide qu’il faut aller les chercher et qu’ils ne seront pas trop de trois pour les ramener à bon port. Il indique à Myrtille le chemin boueux. Cela réjouit peu la gendarmette… elle a ciré ses bottes le matin même !
Mais il lui faut impérativement rejoindre son collègue qui ne répond plus au talkie-walkie. Alors elle avance avec l’agriculteur, très déterminée à retrouver ses cochons fugueurs.
Le temps d’arriver, la musique s’est arrêtée.
Bernard et Myrtille voient venir à leur rencontre les dix cochons sur le chemin du retour, le gendarme Paterne, à moitié inconscient, à plat ventre sur le dos de l’un d’eux. Les cochons « électro », pour leur part, semblent heureux de retrouver leur enclos, après avoir passé un très bon moment de transe musicale…

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jeudi 11 juin

français

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mathématiques

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et si tu essayais un peu de logique

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et la lecture du jour : Faustine et la belle et la bête

Faustine a douze ans, des parents un peu trop absents et pas de frères et sœurs avec qui passer du temps. Elle a bien des copines, au collège, mais elles ne la comprennent pas vraiment. Quand elles rentrent chez elle le soir, elles peuvent raconter leur journée à leurs parents, regarder la télé avec eux. Faustine, elle, ne peut pas. Son papa et sa maman passent toute la journée au travail et quand ils rentrent, ils sont trop fatigués pour s’intéresser à elle. Ils lui disent sans cesse qu’ils sont pressés mais que, la semaine prochaine, ils passeront une journée rien que tous les trois. Mais ça n’arrive jamais.
Depuis quelques semaines, Faustine s’est inscrite sur un site internet : « Féerie ». Elle y a rencontré Amélia, une fille de onze ans qui, comme elle, adore les contes, comme ceux que lui lisaient ses parents quand elle était petite. Tous les soirs, les deux filles s’écrivent, et ce soir ne déroge pas à la règle.

— Qu’est-ce que tu fais ce soir ? demande Faustine.
— Mes parents veulent qu’on regarde un film « en famille », comme ils disent, mais ça ne m’intéresse pas, je préférerais discuter avec toi… répond Amélia quelques secondes plus tard.

Les parents d’Amélia sont tout le contraire de ceux de Faustine et pourtant, les deux filles se comprennent. Amélia a quatre frères et sœurs : des jumeaux de cinq ans, et deux sœurs de trois et un an. Ses parents sont toujours sur son dos et elle ne demande qu’un peu de liberté, mais ils lui répètent qu’ils « sont une famille et qu’une famille, ça fait des choses ensemble ». Faustine se dit qu’Amélia a drôlement de la chance d’avoir des parents prêts à passer du temps avec elle.

— Tu as de la chance que tes parents travaillent toute la journée. Au moins, ils ne sont pas toujours à te surveiller, écrit Amélia.
— De la chance ? J’aimerais juste qu’ils s’occupent un peu plus de moi, tu sais. Qu’on fasse quelque chose rien que tous les trois de temps en temps.
Si seulement Faustine pouvait avoir une famille comme celle de son amie…
— Si ça se trouve, on habite tout près l’une de l’autre et on ne le sait pas, commence Faustine.
Elle espère qu’un jour, elle pourra voir Amélia et qu’elles pourront être amies dans la vraie vie, pas seulement derrière l’écran de leurs ordinateurs.
— Je ne pense pas, j’habite dans un endroit… magique. Je suis sûre que ça te plairait, ma maison est immense et j’ai même une salle de bains rien que pour moi. Et toi, tu habites où ?
— J’habite dans un petit village près de Nancy, dans un appartement. Tu as de la chance, ma chambre est minuscule !

Ce soir-là, Amélia ne répond pas, même pas pour lui dire au revoir. En allant se coucher, Faustine est déçue. Elle se dit que les parents de son amie ont dû lui confisquer son ordinateur pour la forcer à les rejoindre. Faustine est jalouse, son amie a tout ce qu’elle souhaite et n’en profite même pas. C’est injuste.
Le lendemain, toujours aucune nouvelle d’Amélia.
Trois jours plus tard, Faustine commence à s’inquiéter. Elle lui envoie des messages tous les jours mais ne reçoit aucune réponse.

Le samedi suivant, Faustine regarde son Disney favori, La Belle et la Bête. Quand son moment préféré — la danse de la Belle avec la Bête –, commence, un léger « ding » retentit. Faustine se lève en sursaut, espérant que ce soit un message d’Amélia.
C’est bien elle, enfin !

— Ça te dirait, qu’on échange nos places ? Tu serais moi, je serais toi. Tu aurais enfin la grande famille que tu veux et moi, ma liberté. Qu’est-ce que tu en penses ?
C’est tout. Amélia disparaît pendant une semaine et même pas un « bonjour ». En lisant le message que son amie lui a envoyé, Faustine pense qu’elle plaisante.
— On ne se ressemble pas du tout, ça ne marchera jamais. Je suis sûre que même mes parents s’en rendraient compte, alors les tiens…
— J’ai tout prévu. Tu auras juste à mettre mes vêtements et détacher tes cheveux, tu verras. Fais-moi confiance, ils n’y verront que du feu. Allez, ça sera marrant ! C’est juste pour un jour ou deux, le temps qu’on s’amuse un peu !
Après tout, pourquoi pas ? Elle pourrait avoir un petit aperçu de la vie dont elle rêve. Faustine réfléchit quelques minutes puis appuie sur le bouton « Envoyer » :
— D’accord.
La réponse d’Amélia est toute aussi brève.
— Retrouve-moi demain, à la lisière de la forêt de Haye à 11 heures, du côté de la route.

De toute la soirée, Amélia ne répond plus aux messages de son amie. La forêt de Haye n’est pas loin de chez Faustine, elle n’aura qu’à prendre un bus.

Le lendemain matin, le ciel est couvert. Faustine a sorti sa valise et y a mis tout ce qu’elle voulait emporter pour ces quelques jours. En fait, elle n’emporte que ses biens les plus précieux, comme une photo d’elle avec ses parents et la tirelire en forme de cochon que son papa lui a ramené de Paris, puisqu’elle aura tout ce dont elle a besoin sur place. Elle range sa chambre en vitesse et laisse un mot pour Amélia sur son lit. Elle lui explique comment aller à l’école et qui sont ses copines. Elle ajoute quelques précisions sur les horaires de la maison et lui explique comment utiliser le four.
Faustine prend sa carte de bus, sa valise ses clés et s’en va. À l’instant où elle monte dans le bus en direction de la forêt de Haye, le ciel s’assombrit et une pluie torrentielle s’abat sur la ville. Heureusement qu’elle a pris ses chaussures de pluie !
— Ils avaient pourtant annoncé du soleil aujourd’hui, marmonne la conductrice.
Un quart d’heure plus tard, Faustine descend du bus, sa valise dans une main et son parapluie dans l’autre. Il y a tellement de vent que le parapluie s’envole dès qu’elle l’ouvre. Faustine s’aventure à la lisière de la forêt pour attendre Amélia. C’est le déluge ! L’orage arrive, le tonnerre gronde. Faustine s’accroche à sa valise en espérant qu’Amélia arrive rapidement et en se demandant pourquoi son amie lui a donné rendez-vous à cet endroit.
Faustine est déjà venue ici.
Pour le dernier jour d’école l’année dernière, la maîtresse avait emmené sa classe au sentier pieds nus un peu plus loin dans la forêt. Mais elle a l’impression qu’aujourd’hui, la forêt est plus sombre, plus menaçante. Elle commence à avoir peur. Elle est même presque prête à rentrer chez elle. Tant pis pour l’échange, la famille parfaite, elle donnera rendez-vous à Amélia un autre jour. Comme si elle avait lu dans ses pensées, Amélia approche. Elle semble sortir du beau milieu de la forêt. L’orage se déchaîne, il doit être juste à côté. Mais son amie n’est pas toute seule. Un très grand homme avec un chapeau ridicule la suit.
Plus Amélia approche et plus Faustine comprend qu’elle aurait dû réfléchir avant de s’aventurer dans cette histoire, et que ça ne va pas marcher du tout ! Le grand homme a le visage parsemé de cicatrices… et Amélia a l’air d’avoir dix-sept ans, au moins. Ils arrivent rapidement à sa hauteur, l’homme reste légèrement en retrait.

— Salut ! crie Amélia pour couvrir le bruit de l’orage.
Faustine ne répond pas, intriguée. Comment son amie comptait faire croire à ses parents qu’elle s’était soudainement transformée en une fille de douze ans ? Il ne leur faudra même pas deux secondes pour s’apercevoir de la supercherie.
— Ne panique pas, continue Amélia. Tout va bien se passer, ils n’y verront que du feu. Faustine, je te présente Lucien. Lucien est un très bon ami de mes parents, il t’aidera à t’adapter à mon monde. Mais ne t’inquiète pas, il ne leur dira rien, il a une dette envers moi, n’est-ce pas Lucien ? Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu fais pour moi. Je n’en peux plus de vivre avec mes parents, ils sont toujours sur mon dos ! Un peu de liberté ne me fera pas de mal, et j’ai hâte de voir ce que je vais bien pouvoir faire de ton monde.
— De quoi est-ce que tu parles ?
— On va bien s’amuser, toutes les deux !

Faustine ne comprend pas grand-chose et n’est plus si sûre de vouloir s’engager là-dedans. Après tout, elles ne se connaissent pas. Et puis, elles ne se ressemblent pas !
L’homme à l’étrange chapeau s’approche d’elles et marmonne quelques mots que Faustine n’arrive pas à entendre.
Amélia attrape la main de son amie. Un grand sourire flotte sur ses lèvres. À cet instant, la foudre s’abat à seulement quelques mètres de là ! Faustine sursaute mais Amélia ne lâche pas sa main.

— Ah, j’ai dû oublier de te prévenir, dit Amélia… Une fois là-bas, tu ne pourras pas revenir. Jamais. Merci encore, Faustine, et bonne chance !
— Quoi ?!

Au même moment, Faustine lâche la main d’Amélia. L’homme cesse de parler et l’orage s’arrête soudainement.
Faustine regarde son amie, mais tout ce qu’elle voit, c’est… elle-même. Son sosie !
Qu’est-ce qu’il s’est passé ? L’homme au chapeau a… échangé leurs corps ? C’est impossible !

— Tu vois Faustine, je t’avais dit que ça ne serait pas un problème. Lucien, à toi de jouer maintenant. Au revoir.

Amélia leur tourne le dos et sort de la forêt.
Comment Faustine a-t-elle pu se mettre dans une situation pareille ?
Et surtout, comment va-t-elle en sortir ?

— Mais qu’est-ce que vous avez fait ? s’exclame Faustine à l’intention de Lucien.
— À partir de maintenant, vous êtes Amélia. Je vous préviens, l’endroit où nous allons pourra vous paraître… un peu déroutant.

Lucien l’emmène au cœur de la forêt et reprend ses incantations.
Ils arrivent aux abords d’un puits. L’eau à la surface tourbillonne, puis devient verte.

— Vous verrez, vous ne regretterez pas ce petit voyage. J’ai cru comprendre que vous vouliez une famille. Là-bas vous en trouverez une. Vous pouvez aussi choisir de ne pas y aller. Vous pouvez rester ici et commencer une nouvelle vie dans un nouveau corps, mais vous serez seule. Si vous me suivez, vous rencontrerez votre nouvelle famille. Mais il faudra que vous fassiez un effort d’intégration ! N’oubliez pas que vous avez dix-sept ans et que vous êtes Amélia.

Après tout, se dit Faustine, quitte à être coincée dans le corps d’une autre, autant en profiter un peu, non ? Lucien la regarde et plonge dans le puits, droit comme un « i ». Faustine hésite une seconde puis l’imite.

— Aïe !

Faustine est tombée sur le sol dur. Lucien enlève la poussière de ses vêtements et l’aide à se relever. C’est à ce moment qu’elle prend conscience de l’endroit où elle se trouve. Elle a l’impression de ne pas avoir bougé. La forêt est exactement la même, le puits est toujours là. Les arbres sont peut-être un peu plus verts, c’est tout…

— Ça n’a pas marché ? s’étonne Faustine.
— Bien sûr que si ! Ça marche toujours. Bienvenue chez vous, Princesse.
— Princesse ?
— Vous comprendrez, ne vous inquiétez pas. Si vous le voulez bien, laissez-moi vous conduire chez vous.

Faustine hoche la tête, perturbée. Elle ne comprend pas comment tout cela est possible. Lucien agite sa main en grommelant des mots dans une langue qu’elle ne connaît pas. La jeune fille cligne des yeux et quand elle les rouvre, tout a changé autour d’elle. La voilà dans une chambre qu’elle devine être celle d’Amélia. Les murs peints en beige sont couverts de posters de groupes de rock, des restes de pizza jonchent la moquette et des magazines sont posés sur le lit.

— Lucien ? appelle Faustine en remarquant l’absence du magicien. Lucien ! Où êtes-vous ? Je ne sais pas quoi faire, moi ! Je ne sais même pas où je suis ! Vous ne pouvez pas me laisser comme ça !
— Amélia ! appelle une femme. Amélia, s’il te plaît, ouvre la porte. Je te promets que personne ne se moquera de toi.

Une magnifique femme brune qui doit être la mère d’Amélia entre en poussant la porte. Elle porte une grande robe de bal jaune qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de la Belle dans La Belle et la Bête.

— Comment ? Tu n’es pas encore prête ? Et comment es-tu habillée, enfin ! Tu sais bien que ce dîner est très important pour ton père, fais un effort ! Pourquoi ne mettrais-tu pas ta robe bleue ? Dépêche-toi, il nous reste une demi-heure avant que nos invités arrivent, tes frères et sœurs sont déjà prêts. Et je te préviens, nous ne laisserons pas passer une nouvelle de tes farces ! Pas ce soir.
— Mais…
— C’est assez ! Nous n’en pouvons plus. Quand comprendras-tu que tu fais partie de notre famille et qu’il est temps que tu te comportes comme tel ? Quand tu as transformé le cuisinier en chauve-souris, nous avons laissé passer, tu étais jeune. Mais voler la baguette de Marraine la Bonne Fée et rendre Blanche Neige muette, c’était trop ! Tu as eu beaucoup de chance que nous ayons pu régler tout ça ! Tu as dix-sept ans, Amélia ! Il est temps que tu grandisses !

Elle quitte la pièce en claquant la porte, laissant Faustine sans voix. Marraine la Bonne Fée ? Blanche Neige ? Mais ce ne sont que des contes, non ? Apparemment, ces personnages sont bien réels. Ce qui voudrait dire qu’Amélia est en réalité la fille de… Belle ? Sans réfléchir, Faustine décroche la robe bleue de son cintre et l’enfile. Elle se regarde dans le miroir… Elle a vraiment l’air d’une princesse. Elle prend des boucles d’oreilles dans la boîte à bijoux posée sur le bureau et sort de la chambre. Heureusement pour Faustine, elle n’a pas le choix entre plusieurs chemins et descend le grand escalier en pierre. Au bas des marches, la mère d’Amélia l’attend.

— Enfin ! Oh, tu as mis ta robe ?
— Je n’aurais pas dû ?
— Si, bien sûr. Viens, je vais t’expliquer comment va se dérouler le repas. Nous attendons les représentants du monde des humains, le porte-parole des elfes et la dirigeante des fées.
Ça veut dire que des personnes de son monde sont au courant pour le monde magique ?
— C’est un dîner très important. À ce sujet, j’ai une confidence à te faire : le portail vers le monde des humains a été utilisé deux fois ce matin. Nous pensons qu’un magicien a découvert l’existence du portail… Nous espérons seulement qu’il n’est pas resté là-bas. Il ne faut surtout pas que la nouvelle s’ébruite, ça pourrait causer beaucoup de dégâts. Je veux que tu saches que nous sommes soulagés de t’avoir mise au courant, je sais que nous pouvons te faire confiance. Après tout, c’est toi qui dirigeras le pays quand ton père ne pourra plus.
Et sans lui laisser le temps de répondre, elle poursuit :
— Allons-y, nos invités doivent déjà être installés.

Faustine suit la mère d’Amélia jusqu’à une grande salle à manger où une belle table est dressée, avec de nombreux plats et boissons. Les convives prennent place et Faustine est invitée à s’asseoir entre sa mère et la dirigeante des fées.

— Nous allons devoir commencer sans les humains, ils auront un peu de retard. Leur fille a disparu.
Puis, elle poursuit avec solennité :
— Nous vous avons réunis ce soir pour évoquer un problème tout à fait nouveau ! Depuis la création de notre monde, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour le protéger de celui des humains : pour eux, nous ne sommes que des personnages de contes, ils n’imaginent même pas que nous puissions être réels. Jusqu’à aujourd’hui, tout a fonctionné comme nous l’espérions mais ce matin, nous avons eu la preuve que notre système n’est pas infaillible. Si les magiciens apprennent l’existence du portail, cela pourrait avoir des conséquences irréversibles sur les humains. Ils pourraient être envahis, réduits en esclavage par nos sorciers et nos magiciens !
— Mais que pouvons-nous faire de plus ? réplique la dirigeante des fées. Nous ne pouvons pas condamner le portail, nous en avons besoin. Il faut absolument retrouver ce magicien et espérer qu’il ait gardé sa découverte pour lui seul. Peut-être a-t-il simplement voulu explorer le monde des humains ? Mademoiselle Amélia, qu’en pensez-vous ?

Oh non ! On demande son avis à Faustine et elle ne peut rien dire sans se compromettre. Elle n’a aucune idée de ce que les parents d’Amélia ont pu lui dire auparavant… Lucien l’avait bien prévenue… Elle doit essayer de s’intégrer !
Ouf ! Les représentants des humains font enfin leur entrée, sauvant Faustine d’une situation délicate.
À sa grande surprise, la jeune fille constate qu’elle les connaît bien…

— Papa ? Maman ?
Tous les invités se tournent vers elle, interrogatifs. Faustine se souvient alors qu’elle est censée être Amélia.
— Euh… Je me disais justement que nous n’avions pas été présentés. Je suis Amélia.
Les parents de Faustine s’inclinent devant elle.
— Princesse Amélia, nous sommes enchantés de faire enfin votre connaissance, nous avons tellement entendu parler de vous ! dit l’humain en souriant. Je suis Fabien, et voici ma femme Sylvie. Veuillez nous excuser pour notre retard, notre fille est rentrée tard à la maison.
— Votre fille ? Vous… Vous aviez remarqué qu’elle n’était pas là ?
Faustine a toujours le sentiment d’être seule quand elle rentre du collège… Alors elle est étonnée qu’ils se soient aperçus qu’Amélia avait disparu.
— Mais bien sûr ! Nous avons chacun des métiers qui nous demandent beaucoup de temps… Mais nous nous efforçons de savoir où est notre fille. Même si nous reconnaissons que nous ne passons pas beaucoup de temps avec elle… poursuit-il l’air triste.

Le repas se poursuit, les plats arrivent sur la table les uns après les autres, et Faustine cherche discrètement une solution pour rentrer chez elle et renvoyer Amélia dans son monde. Maintenant qu’elle sait que ses parents s’intéressent à elle, elle n’a pas l’intention de rester ici et de les inquiéter encore plus.
Une fois dans sa chambre – ou plutôt, dans la chambre d’Amélia –, Faustine réfléchit. Comment faire pour retrouver Lucien et rentrer chez elle ? En y repensant, elle a bien entendu une phrase que le sorcier a prononcée et qui semble avoir eu l’effet de la parachuter dans ce monde.
Faustine ferme les yeux et se concentre. Elle marmonne les huit mots qu’elle avait retenus puis ouvre un œil, méfiante.
Soudain, une fumée bleue tourbillonne au milieu de la pièce et… Lucien apparaît.
Sauf qu’il a l’air très en colère et beaucoup moins gentil que lors de leur premier contact.

— Êtes-vous inconsciente ? Vous voulez que tout le château découvre votre imposture ? Vous avez eu beaucoup de chance ! À une syllabe près vous transportiez tout notre monde dans le monde des humains ! Vous avez une idée des dégâts que vous auriez pu causer ?
Faustine ne se laisse pas impressionner.
— Ramenez-moi jusque chez moi ou j’informe tout le monde de ce que vous avez fait ! Vous avez envoyé la Princesse dans un autre monde et vous avez introduit une étrangère, une terrienne ici. Je crains que le Roi et la Reine ne voient pas cela d’un très bon œil…
À la surprise de Faustine, Lucien mord à l’hameçon et prend peur.
— C’est d’accord, ne faites surtout pas ça ! Prenez ma main ! Il faut retourner au puits avant qu’ils ne découvrent que vous êtes partie.

Il marmonne quelque chose dans une langue qu’elle ne comprend toujours pas et quelques secondes plus tard, ils se retrouvent devant le puits.

— Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ?
— Faites comme la dernière fois et sautez. C’est trop risqué pour moi de venir avec vous, je vais ramener Amélia d’ici. Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.

Quelques jours plus tard, Faustine a mis de l’ordre dans ses esprits et s’est remise de son voyage. Elle espère avoir l’occasion de revoir Amélia. Après tout, grâce à elle, Faustine a compris que ses parents avaient beaucoup de responsabilités et que, même s’ils ne le montraient pas toujours, ils tenaient à elle.